Nous entrons dans l'ère des dernières fois. Nous en avons profité pour aller à Sesimbra. Les immeubles sont terminés et se dressent blancs sur le front de mer. Pour ne pas être accusée de souhaiter un retour au salazarisme comme ce fut le cas ici, je ne commenterai ni leur esthétique ni leur utilité. C'est la volonté des habitants du village, pourquoi pas. Mais soyons rassurés, ils ont prévu un plan d'urbanisme pour ne pas engorger les petites rues sinueuses parallèles au front de mer. Un parking flambant neuf sur plusieurs étages a été créé. Nous l'avions inauguré l'an dernier. Nous avions bien repéré quelques dysfonctionnements mais nous les avions mis sur le compte de sa jeunesse. Nous nous sommes dit que quelqu'un de l'entreprise les noterait aussi et ferait en sorte de les corriger. Grossière erreur à ne jamais faire au Portugal. Un an après les choses se sont aggravées.

Au début, rien de notable, vous vous garez. Ca commence quand vous cherchez à noter le numéro de votre emplacement. La colle a fondu et toutes les plaques indicatives sont tombées. Un détail. Avec la poussette, la solution évidente est de se diriger vers la sortie handicapés. Là les choses se gâtent. Un génie des alpages a bloqué la porte donc, depuis le parking, il n'y a pas d'accès aux ascenseurs. Reste l'escalier. Et la poussette. D'autant que pour aller à la plage avec deux enfants, le barda est impressionnant. Nous voici en train de suer, maudire l'abruti qui a bloqué les portes avec Olivier qui proteste en disant que s'il voulait des marches commandos il serait entré dans l'armée et Eloïse qui trouve soudain que sa pelle et son râteau sont beaucoup trop lourds pour son petit poignet. Maxou lui sourit aux anges. On le secoue, il adore. Quant à moi, ne vous avisez pas de me demander où sont passées mes vertes années où la moitié d'un bikini et une roble légère suffisaient à mon bonheur. Non ne me demandez pas, ça me rend agressive. Nous finissons par arriver en bas épuisés mais heureux la plage nous appelle.
Deuxième erreur, les plages sont publiques ici aussi mais des concessions énormes ont été accordées et tout le front de mer est interdit aux parasols et autres pour laisser libre cours au monopole de location de tentes. Le prix n'est pas déraisonnable mais les gens sont alignés au millimètre près sur trois rangées. Et si j'avais voulu aller à la plage selon un plan d'occupation des sols sardiniers, je serais moi aussi entrée dans l'armée. Plusieurs dizaines de mètres plus loin, nous pouvons, enfn, poser l'équipement. Et installer tout le barda pour que Maxou soit à l'ombre. Ai-je besoin de préciser qu'il n'y restera quelques minutes avant d'explorer les environs ?
Nous oublierons presque durant deux heures qu'il nous faudra bien remonter vers la voiture. Mais, pourtant, il faudra bien le faire. Heureusement, l'ascenseur est accessible dans ce sens. Les handicapés (qui ont réussi à survivre à la descente) sont donc autorisés à retourner à leur voiture. C'est presque trop d'un coup. Bien sûr, la cabine est minuscule et personne ne veut prendre l'escalier, la queue s'allonge jusque sur la plage. J'arrive à convaincre les filles de faire un peu de sport. A chaque marche, c''est la fin du monde. D'autant que nous n'avons aucun moyen de savoir à quel étage nous sommes arrivés. Nous finissons par retrouver la voiture. Pour maudire jusqu'à la fin des temps, les bâtisseurs de cet enfer de béton. Comme toutes les plaques sont tombées, quelqu'un a collé à la main les panneaux pour la sortie. Ca partait d'une bonne intention. Mais du coup, il l'a fait à hauteur d'homme et sans songer au fait que le conducteur d'une voiture doit anticiper. Il faut donc aller au pas, sorte de chasse au trésor moderne pour aller payer et, enfin, sortir. Au bout de quelques mètres, l'inévitable embouteillage. Pas d'inquiétudes, il y a eu un plan d'urbanisation. Simplement personne n'a songé à la circulation au même moment de toutes les voitures que l'on pouvait empiler dans ce parking.
D'un point de vue strictement moderniste, ils ont réussi leur coup, cet endroit est devenu la énième plage à la mode du moment de la région de lisbonne. Rien dans les prix des restaurants ou des installations ne la distingue du reste de l'Europe. Les menus sont encore en Portugais mais je suppose qu'il ne faut pas s'inquiéter, ils ont bien un plan en réserve. Comme je le disais, c'est l'époque des dernières fois, et je ne peux m'empêcher d'être nostalgique en songeant à notre arrivée ici et à la joie que je me faisais alors d'aller à Sesimbra.
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